Le Traitement du Traumatisme Psychologique et Emotionnel par les Thérapies Brèves.
Un Chemin vers l’apaisement. Comprendre le traumatisme psychologique et émotionnel.
Le traumatisme psychologique est un concept qui a été cliniquement défini en 1980 à la suite des conséquences de la guerre du Vietnam, bien que des cas de stress post-traumatique aient été rapportés chez les soldats depuis l’Antiquité. La racine grecque du mot « trauma » signifie « rupture de la continuité ». Il est essentiel de comprendre qu’un traumatisme n’est pas un signe de faiblesse, mais une réaction intense et souvent accablante à un événement qui a mis en péril l’intégrité physique ou psychologique d’une personne. Face à un tel événement, une personne peut se sentir impuissante, dépassée par une peur ou une terreur intense. Pour autant, le trouble de stress post-traumatique (TSPT) est une affection qui se soigne.
Les différentes classifications de traumatisme.
Il existe de nombreuses classifications pour le traumatisme psychologique, mais elles se concentrent généralement sur la nature et la récurrence de l’événement. La classification la plus courante distingue deux grandes catégories : les traumatismes aigus et les traumatismes complexes.
Le traumatisme aigu (ou « simple »)
est le résultat d’un seul épisode traumatique ponctuel. Il peut être provoqué par des événements isolés et soudains, tels qu’un accident de la circulation, une agression physique ou sexuelle, une catastrophe naturelle, ou le décès inattendu d’un proche. Ces événements surviennent brutalement, sans avertissement, et peuvent laisser une empreinte psychique profonde.
Le traumatisme complexe
survient à la suite d’une exposition répétée et prolongée à des situations traumatisantes, souvent dans un contexte où la personne n’a aucun contrôle sur les événements. Ces situations peuvent inclure des violences domestiques, des abus répétés dans l’enfance, ou des combats en zone de guerre. Contrairement au traumatisme aigu, le traumatisme complexe touche à la structure même de l’individu et peut altérer profondément son développement psycho-émotionnel.
Le traumatisme de choc.
Lié à une menace de mort,le traumatisme émotionnel (lié à une perte d’attachement), et le traumatisme de développement (lié à des privations ou des frustrations durant l’enfance). Cette approche révèle que le type d’événement traumatique (ponctuel ou répété) a des conséquences directes sur la nature de la blessure psychique.
Lorsque le traumatisme est répété, le psychisme subit une transgression plus profonde. Cela se traduit par une altération de la logique de l’individu, qui passe d’une capacité à raisonner sa peur à une soumission inconditionnelle à celle-ci. Une personne ayant subi un trauma simple pourrait se demander : « Pourquoi aurais-je peur si cette situation est inoffensive? », tandis qu’une personne ayant vécu une traumatisation complexe pourrait adopter une logique immuable : « J’ai peur, donc il doit y avoir quelque chose à craindre ». Cette transition d’un locus de contrôle rationnel et externe vers un état interne et émotionnel en alerte permanente est la raison pour laquelle les symptômes du traumatisme complexe, tels que la dissociation et l’hypervigilance, sont si ancrés. Le tableau ci-dessous résume les différences fondamentales entre ces deux formes de traumatisme.
Les symptômes du trouble de stress post-traumatique (TSPT)
Le TSPT est un trouble psychiatrique qui peut survenir après un événement accablant. Les personnes qui en souffrent présentent des symptômes regroupés en quatre catégories principales :
Symptômes d’intrusion :
L’événement traumatique envahit la conscience de manière répétée et incontrôlable. Cela se manifeste par des souvenirs involontaires, des cauchemars récurrents, ou des reviviscences (flashbacks) où la personne a l’impression de revivre l’événement comme s’il se produisait à nouveau.
Comportements d’évitement :
La personne cherche à éviter tout ce qui lui rappelle le traumatisme, que ce soit des lieux, des personnes, des conversations ou même des pensées liées à l’événement. Cet évitement, s’il est une tentative de protection, peut à long terme aggraver l’état de santé mentale.
Effets négatifs sur les pensées et l’humeur :
Les personnes peuvent être incapables de se souvenir d’importantes parties de l’événement (amnésie dissociative) et peuvent se sentir émotionnellement insensibles ou déconnectées des autres. Les sentiments de culpabilité, de honte et de dévalorisation sont fréquents. La dépression est également très répandue chez les personnes atteintes de TSPT.
Altération de la vigilance et des réactions :
L’individu se trouve dans un état constant d’alerte, ou hypervigilance, à l’affût des signes de danger potentiels. Il peut sursauter facilement, avoir des difficultés de concentration et de sommeil, ou être en proie à des accès de colère et à des comportements impulsifs.
Le lourd fardeau sur la santé physique et mentale
Un traumatisme non traité peut entraîner des troubles psychologiques plus profonds, tels que des troubles anxieux, la dépression et des troubles de l’attachement. Les personnes atteintes de TSPT sont également plus à risque de développer des problèmes de santé physique, comme des migraines, de l’hypertension artérielle et des ulcères gastriques. Les niveaux élevés de stress chronique peuvent aussi augmenter le risque de complications cardiaques et causer des douleurs musculaires et des tensions. Le TSPT peut également être lié à des troubles des « instincts » comme le sommeil, le comportement alimentaire, et la libido, ainsi qu’à l’abus de substances.
Le phénomène de la dissociation
La dissociation est une réaction courante au traumatisme, se manifestant comme une déconnexion émotionnelle ou physique. Elle peut prendre la forme de dépersonnalisation (un sentiment de détachement de son propre corps ou de sa personnalité) ou de déréalisation (la perception du monde comme irréel ou onirique). Le traumatisme peut provoquer une déconnexion entre les émotions et les souvenirs, le cerveau enfouissant la scène pour se protéger. Bien qu’initialement protectrice, cette déconnexion peut rendre les souvenirs inaccessibles et fragmente le vécu, pouvant resurgir de manière incontrôlable en présence d’un déclencheur.
Surmonter les obstacles au traitement
Il existe plusieurs raisons pour lesquelles les personnes souffrant de TSPT ne cherchent pas d’aide. Un manque d’information sur le TSPT, perçu à tort comme une « faiblesse » ou une réaction normale, peut empêcher les victimes de reconnaître que leur souffrance est un trouble médical qui nécessite des soins spécifiques. Les comportements d’évitement, caractéristiques du TSPT, peuvent également rendre la consultation difficile. De plus, les sentiments de honte, de culpabilité ou d’isolement peuvent amener les personnes à penser qu’elles ne seront pas comprises ou que leur souffrance est moins légitime que celle des autres. L’acceptation de ces sentiments et la compréhension que la demande d’aide n’est pas un signe de faiblesse, mais un acte de courage, sont des étapes cruciales du processus de guérison.
Les trois phases de l’apaisement : stabilisation, traitement, intégration
Pour traiter les traumatismes de manière sûre et efficace, en particulier les traumatismes complexes, les professionnels de santé mentale adhèrent de plus en plus à un modèle de traitement par phases. Cette approche progressive est conçue pour réduire le risque de retraumatisation et s’assurer que le patient est équipé pour aborder ses souvenirs traumatiques.
Phase 1 : La stabilisation (établir la sécurité et la régulation)
La phase de stabilisation est l’étape la plus cruciale et la plus importante dans le traitement du TSPT. Avant de pouvoir traiter les souvenirs traumatiques eux-mêmes, le patient doit d’abord retrouver un sentiment de sécurité et de contrôle sur ses émotions et ses réactions physiques. Les objectifs de cette phase incluent :
Restaurer un sentiment de sécurité : Créer un environnement sûr où le patient se sent protégé et peut faire face à ses émotions sans se sentir submergé.
- Régulation émotionnelle : Le patient apprend des techniques pour gérer les émotions intenses, le stress, et les réactions de sursaut. Des pratiques comme la méditation de pleine conscience (mindfulness), les exercices de cohérence cardiaque, et les techniques d’ancrage sensoriel (visuel, auditif, tactile) sont enseignées pour stabiliser l’état psychique.
- Développement des ressources : Cette phase vise à renforcer les compétences d’adaptation du patient, en lui apprenant à identifier ses forces, à résoudre des problèmes de manière proactive et à élaborer un plan de sécurité pour faire face aux crises et aux déclencheurs potentiels.
Le passage à la phase suivante ne se fait qu’une fois que le patient a acquis une stabilité suffisante pour aborder les souvenirs sans décompensation.
Phase 2 : Le traitement (l’intégration des souvenirs traumatiques)
Une fois que la personne a développé des compétences solides en stabilisation, le travail thérapeutique peut se concentrer sur le traitement des mémoires traumatiques. L’objectif principal est d’aider le cerveau à « digérer » le choc traumatique et à intégrer l’événement dans la mémoire d’une manière qui ne provoque plus de détresse psychique intense. C’est à ce stade que les thérapies axées sur le trauma, comme les thérapies par les mouvements oculaires, type EMDR, sont utilisées pour travailler directement sur les souvenirs traumatiques.
Phase 3 : L’intégration et la reconnexion
La phase finale du traitement vise à consolider les progrès et à renforcer la résilience. L’objectif est de réintégrer l’individu dans sa vie quotidienne avec de nouvelles compétences et un sens renouvelé de soi. Ce travail se concentre sur le renforcement des relations interpersonnelles, la prévention des rechutes et la construction d’une nouvelle identité post-traumatique. Il s’agit de passer de la survie à un état de plénitude, où les nouvelles compétences acquises deviennent des outils de vie.