Définition et Orientations des Thérapies Psychocorporelles, c’est à dire reliant le corps et les émotions
Les thérapies psychocorporelles (TPC) comme les thérapies brèves, constituent un ensemble d’approches thérapeutiques qui reconnaissent l’interdépendance fondamentale entre l’état psychique de l’individu et son vécu somatique. Contrairement à certaines psychothérapies classiques centrées exclusivement sur le langage et le cognitif, les TPC utilisent la conscience corporelle, le mouvement, la respiration ou le toucher comme voies d’accès privilégiées à l’expérience émotionnelle et psychique.
Ces thérapies brèves ne s’inscrivent pas dans un modèle théorique unique mais peuvent se référer à plusieurs orientations classiques, conférant au champ une grande diversité clinique. Elles peuvent être orientées vers le contexte familial ou l’environnement (approche systémique) tel que les constellations familiale , vers le changement des attitudes et des comportements (orientation cognitivo-comportementale) par la PNL (programmation neurolinguistique), ou encore se focaliser sur l’unicité de l’individu et l’émergence de son potentiel (orientation humaniste), tout en visant généralement une libération émotionnelle comme la technique du drainage émotionnel ou de la boxe thérapie.
Le Corps en Psychiatrie et Psychopathologie Complexe
L’intégration du corps dans la psychopathologie moderne comme avec les techniques de thérapies brèves est considérée comme un enjeu essentiel et une perspective dynamique nécessaire pour penser la complexité clinique actuelle. En psychiatrie, le corps est compris non seulement comme le siège de signes directs de souffrance (difficultés fonctionnelles ou sensori-motrices) mais aussi comme le marqueur d’une souffrance « autre » : psychique, historique, traumatique ou relationnelle.
Cette perspective nécessite de distinguer la corporéité, qui englobe les qualités anatomiques et physiologiques (le « corps-objet »), du corps vécu ou du corps-sujet. Le corps-sujet est le véhicule qui permet l’adaptation relationnelle, étant porteur de messages et de schémas relationnels dont l’origine peut être recherchée dans l’évolution biologique. Il est reconnu que les gestes et le corps ont précédé le langage comme moyen de communication.
Sur le plan théorique, l’approche relationnelle du corps fait le lien entre la psychopathologie (historiquement organisée autour du concept freudien de conflit, souvent considéré comme soluble) et la notion d’impasse. L’impasse décrit des situations où la résolution du conflit n’est pas possible et est fortement liée au concept de stress. Le stress, bien qu’étant un concept biologique (régulation hormonale), sert de passerelle entre le somatique et le psychique. Lorsque le patient se trouve dans une impasse psychique ou traumatique non résolue, cette souffrance se cristallise souvent en une dysrégulation somatique, nécessitant une intervention qui cible directement l’empreinte corporelle.
Le Corps comme Réceptacle de la Mémoire Traumatique (Empreinte Somatique)
Les recherches neurobiologiques montrent que les traumatismes, qu’ils soient psychiques ou physiques, laissent une empreinte durable qui est stockée non seulement dans la mémoire cognitive mais également dans le système nerveux, les muscles, et la posture de l’individu. En conséquence, des symptômes chroniques non résolus trouvent souvent leur origine dans des stress anciens que le corps continue de gérer de manière figée et inconsciente.
L’individu porte en lui une charge corporelle complexe, composée de trois dimensions interdépendantes : la dimension mécanique (postures figées, microtraumatismes), la dimension psychique (stress, émotions non exprimées) et la dimension métabolique (inflammations, fatigue). Les TPC comme les thérapies brèves s’inscrivent dans une approche qui cherche à reconnecter le corps et l’esprit, se positionnant ainsi en phase avec une médecine intégrative du futur. L’intervention somatique vise à défaire cette charge en libérant l’énergie de survie restée bloquée, ce qui nécessite des techniques « bottom-up » (orientées du corps vers le cerveau) pour compléter les réponses physiologiques (fuite, combat ou figement) qui n’ont pu être achevées au moment du trauma.
L’Analyse Bioénergétique (Lowen) : Posture, Respiration et Libération
L’Analyse Bioénergétique (fondée par Alexander Lowen) est une autre modalité psychocorporelle majeure. Son objectif est d’aider la personne à rétablir le lien entre les composantes somatiques et psychiques, en libérant l’énergie et le mouvement bloqués pour retrouver une plus grande vitalité, créativité et joie spontanée.
Cette approche repose sur le postulat que les tensions musculaires chroniques constituent des « armures » corporelles qui sont les manifestations physiques de conflits passés et d’émotions retenues. Le travail thérapeutique utilise des exercices posturaux et respiratoires spécifiques, souvent appelés végétothérapie (pour réguler la respiration) ou Deep Draining.
Le thérapeute examine la posture du patient, car celle-ci est considérée comme une expression non verbale de son histoire et de ses mécanismes de défense (par exemple, une respiration réduite peut être une tentative inconsciente de se protéger ou de se couper de l’activation émotionnelle). La coordination des chock impulse (mouvements involontaires associés à la libération) avec une respiration diaphragmatique profonde permet de dénouer les blocages.
L’intégration de ces expériences corporelles est cruciale, et chaque séance se termine par un échange verbal pour que le patient puisse exprimer et intégrer les changements amorcés dans sa vie quotidienne.
Autres Approches Somatiques Intégratives
D’autres modèles de thérapies brèves enrichissent le paysage des TPC. La Danse-Thérapie ou la boxe thérapie utilise le mouvement pour métamorphoser les blocages psychologiques en chorégraphies libératrices, ce qui peut être particulièrement efficace pour les problématiques telles que la phobie sociale, en permettant d’incarner et de dépasser la peur. Le modèle Hakomi est une psychothérapie somatique centrée sur la pleine conscience, l’organicité et la non-violence, utilisant un toucher somatique doux pour explorer et libérer les tensions physiques liées aux problèmes psychologiques. Enfin, le Focusing (développé par Eugene Gendlin) utilise la focalisation sensorielle sur le felt sens (le ressenti corporel) et le mouvement corporel (body shift) pour structurer et symboliser l’expérience émotionnelle.
Décoder les signes du corps quelques exemples en séance de thérapie :
Lorsque le thérapeute pose des questions sur les ressentis vécus par le patient dans son corps, il propose des significations concernant les douleurs ou les gênes de manière symbolique.
Exemple : Une lourdeur ressentie sur les épaules : est-ce que la personne ressent une lourdeur dans sa vie?
En résumé, je retrouve souvent ces éléments émotionnels reliés avec les parties du corps :
Sensation dans la tête : la personne s’interroge beaucoup, elle ne sait pas comment agir pour bien faire ne sait plus où donner de la tête, hésite sur les choix à faire… etc.
Pour les oreilles, une difficulté à entendre ou bien d’avoir entendu quelque chose de difficile (phrase, cris, reproche…etc) ou bien encore de ne pas avoir entendu les mots souhaités, comme je t’aime, tu as de la valeur….
Sensation au niveau des yeux sont également quelque chose de difficile qui a été vu ou bien quelque chose que l’on aimerait voir.
Sensation au niveau du cou : la personne ne sait pas ou ne peut pas dire « non » ou « oui » face à une situation qui la dérange. Elle ne sait pas vers ou se tourner, ou vers qui aller, ou quel chemin prendre. Parfois il s’agit aussi d’un manque d’humilité face à une situation, elle ne veut pas « baisser la tête » face à la situation.
Sensation au niveau des épaules : acculée à une charge importante de travail, ou une responsabilité difficile à assumer (financière, familiale, professionnelle), le poids de la vie, une histoire douloureuse, la culpabilité… etc.
Sensation au niveau des poumons : souvent liée à une tristesse qui veut s’exprimer, mais qui ne « sort pas ». Une difficulté à respirer, un souffle court donne l’indication que la personne court après quelque chose, ou qu’elle se sent persécutée par sa situation. Le rythme de sa vie est trop rapide. Elle a du mal à trouver un second souffle.
Sensation au niveau du cœur♥ : beaucoup d’émotions se situent à ce niveau, souvent il s’agit du sentiment de perte de liens d’Amour avec l’autre, parfois elle est définie comme une violente douleur, une sorte de coup de couteau dans le cœur♥ pour témoigner d’une trahison. Les personnes qui ont également le cœur♥ qui s’est refermé suite à trop de souffrance subie.
Sensation au niveau du ventre : la boule au ventre est souvent une sensation liée à la peur, mais elle peut être également une manifestation de la colère sous toutes ses formes (allant de la frustration à la rage).
Sensation au niveau des organes sexuels, lors de violences sexuelles ou de blocages dans la sexualité ou dans la procréation.
Sensation au niveau du dos, souvent liée à notion de structure, la colonne vertébrale est souvent liée à la famille. Elle cristallise aussi les peurs fondamentales notamment celles liées à l’argent.
Sensation au niveau des jambes : les jambes sont lourdes… Avoir la sensation de ne pas avancer dans la vie comme la personne le voudrait.
Sensation au niveau des genoux, lorsque le rapport à l’autre est difficile, conflictuel et source de souffrance.
Sensation au niveau des pieds : les pieds sont lourds… La personne est immobile et ne peut plus bouger.
Les pieds flottent… La personne est trop dans son imaginaire, elle ne vit pas les pieds sur terre, pas assez ancrée.
Sensation dans l’ensemble du corps : Le corps paraît pesant, ou sans aucune sensation, ou une sensation de vide… La personne vit des difficultés existentielles, elle n’existe pas, personne ne la remarque.
Attention : Le ton de la voix de la personne est aussi très important pour le thérapeute, car la voix renseigne sur les ressentis du patient. Elle est comme un témoin de ce qui se vit à l’intérieur du corps du patient. La vibration de la voix est tout à fait primordiale dans le maintien du patient dans la « bonne énergie libératrice », c’est à dire celle du cœur♥ . C’est à dire celui de l’accueil↓♥. Cette énergie de libération ne s’activera jamais si la personne « est dans sa tête ».
De plus, avec certaines personnes nous sommes soit en présence d’une sensation de vide affectif, soit elles sont coupées de la situation, de la réalité. Le travail sera donc de se mettre au niveau existentiel du patient et de cheminer avec lui, à ses côtés, d’être son compagnon de route.
Il est certain, et vous l’avez sans doute compris, que chaque situation est unique, que chaque personne avance à un rythme qui lui est propre. La vocation du thérapeute, selon moi, sera donc de considérer et de respecter ce rythme.
Parfois, il ne sera possible de réaliser qu’un petit pas, car la personne ne sera pas prête à en faire davantage. Ce n’est pas grave, chaque chose en son temps. Pour paraphraser une expression bien connue de Niel Armstrong, « C’est un petit pas pour l’homme, un bond de géant pour l’humanité », ainsi sera notre philosophie, le monde ne s’étant pas fait en un jour…
Forcer cette étape serait potentiellement source d’un surcroît de mal-être, et la personne se trouverait en situation de vivre davantage d’insécurité et elle ne se sentirait pas respectée dans son cheminement.


